samedi 27 août 2011

#6 Un aller/retour pour Haïti avec le meilleur guide qui soit !

 J’ai attendu donc, et encore bonne pioche quand je fus prête.

Je me suis offert le grand plaisir de retrouver Lionel Trouillot (Cf Yanvalou pour Charlie chez Actes sud) au travers de La belle amour humaine toujours chez Actes Sud.

Et avec lui Haïti encore, et cette fois, l’histoire d’une jeune fille qui arrive sur l’île pour trouver des explications au sujet de son père, un inconnu pour elle. Elle a un guide pour cela (le narrateur), un homme qui va l’aiguiller pour essayer de comprendre son histoire familiale, la disparition de son grand-père et du colonel, ami du grand père de le jeune fille.
Le roman est écrit comme un dialogue... laissant tantôt la parole au guide, un local, tantôt à la jeune fille étrangère sans l’être, puisque toutes ses racines sont là, sur cette île.
Et quand je vous dis que Lionel Trouillot est le meilleur guide qu’il soit.... je voudrai vous dire, qu’il ne se contente pas de décrire un pays, un ailleurs. Il y inclut, les couleurs, les odeurs, les secrets, les non-dits d’une culture, les racines de famille, la musique...

Et sacrebleu, quel voyage !


"Un touriste c'est très souvent un portefeuille qui comment le peu qu'il voit sur un ton sans appel. Sans doute estiment-ils que le tarif qu'ils paient leur donne droit à une opinion, que leur cash leur confère leur brevet d'expertise"



Ou encore


"(...) Les grands enfants. Les petits enfants. Les encore enfants qui font des enfants. Les balles perdues. Les fous de Dieu, les annonceurs de fin du monde qui te reprochent de n'avoir pas accepté Jésus ton sauveur personnel. (...)La foule qui crie au voleur. Le voleur qu se mêle à la foule et crie plus fort que les autres (...)

Et c'est beau, comme ça

vendredi 26 août 2011

#5 La grâce elle m’a rendue


Et puis est arrivé dans ma boîte aux lettres Grâce leur soit rendue de Lorette Nobecourt, à paraître chez Grasset, dans grosso modo un mois.

Lorette Nobecourt avait déjà changé ma vie - comme Duras, L.F. Céline, et bien d’autres encore, et oui, je n’ai pas honte de le dire - avec En nous la vie des morts il y a de cela quelques années.

Puis pour une émission de radio, elle avait répondu à mon interview au sujet de L’usure des jours. Il y a un an ou deux. Et là, ses réponses avaient fait écho à ce que je ressens dès lors que je la lis : je la connais, elle me connaît. Soit un lien, réel d’intimité à un degré indicible, le tout via la magie de l’écriture, et du talent.
Avec Grâce leur soit rendue, elle vient de poser un écriteau sur ma porte d’entrée sur lequel est mentionné : «Madame Rock’n Pages, je suis née pour écrire et vous êtes née pour comprendre mon écriture».

Je ne vous en dis pas plus, parce que la meilleure chose que je pourrai faire, pour vous, pour moi, c’est d’en faire une émission d’ici peu, de son roman....capital, essentiel.

A noter (parce que toutes ces lignes sont tout de même bien suggestives) :  accrochez vous, et entrez dans la vie de Unica et Roberto, puis de leur fils Kola. Unica et Roberto sont écrivains, Unica et Roberto sont des exilés chiliens et cela aura son importance, dans la quête de Kola. Unica et Roberto s'aiment d'un amour dévastateur, chimique, volcanique. Kola est né de cet amour là.

« - Ce qu’il y a de plus difficile, Roberto, c’est de pardonner à nos enfants d’avoir fait de nous des parents»

Là, fallait une pause, souffler, attendre que l’esprit et le corps soit à nouveau prêt à recevoir.





Question musique, pas trouvé grand chose de plus fort.

jeudi 25 août 2011

#4 La gifle

Ensuite, j’ai chaussé mes lunettes, histoire de faire plus sérieuse pour m’attaquer au So long, Luise de Céline Minard sorti le 18/08/2011 chez Denoël.

Alors, là, messieurs dames, on est dans la cour des grands.
Voire des grandes.

Céline Minard, réussit le tour de force de convoquer sous sa plume deux mille ans de tradition littéraire et orale, pour dire tout le souffle épique d’un amour entre deux femmes, quand elles sont deux artistes, dont une écrivain. Avec donc, de façon sous-jacente à ce long poème d’amour, traversant les âges et brouillant les pistes, un message fort et lourd sur la frontière - ou la non-frontière - entre la fiction et la réalité.


Céline Minard est une guerrière, une guerrière qui pourrait revêtir diverses formes : comme la vamp (Cf Olimpia), un personnage de sf (Cf Le dernier monde), pour enfin nous arriver en très vieille femme écrivant une lettre testamentaire d'amour à sa compagne.


Mais alors, fermez les yeux et imaginez donc un peu : la vieille écrivain, glam', amoureuse transie de sa vieille glam' (aussi) et très extravagante artiste....et imaginez la donc étriper, tordre, vider, éreinter les mots, tous les mots, pour n'en retenir que l'essentiel.
Imaginez les, sillonnant les plus folles soirées parisiennes, ou N.Yorkaises, imaginez les en forêt, chassant le sanglier, en trébuchant contre les trolls, imaginez les donc se jouer de nous, et de nos absolument débiles, désirs de voyeurs et de vérité.

Quelle vérité ?
Brillant.

A noter : niveau de lecture élevé, c’est pas un scoop non plus, hein, il est bel et bien question de Céline Minard, ici.



"Pour ma part, la forme livre m'aura réjouie tout au long de la vie, darling, peut-être pas comme grimoire mais comme grammaire, glamour, et d'être à nouveau entre tes mains sous cette forme est une idée qui me réjouit toujours. See you later, Luise. With Love"

Dur Dur de réduire tout cela à un seul titre ^^ 

mercredi 24 août 2011

#3 Les vacances de la Toussaint en plein été c'était bien cette année ;)


Et puis j’ai poursuivi mes lectures. Et j’ai ouvert Inverno de Hélène Frappat qui sort en ce mois d’août chez Actes Sud.
Et là qu’ai-je donc trouvé ? 

Un texte court très bien écrit, sur deux destins parallèles de femmes, à une génération de distance. Une écriture, une signature, rien à dire.

A noter : ne m’a pas passionné, mais là, pour le coup, on est bien loin du pavillon à papa, de Facebook.
Disons, que c’est un roman sépia, particulièrement bien écrit. Teintée de nostalgie - d’où le sépia.
C’était un bon moyen de lutter contre la météo du mois de juillet, ou plutôt de l'accepter sereinement.
C'était un bon moyen d'accepter que les heures passent...tranquilles.

«Pourtant, qui a goûté au poison ambigu et douceâtre de la nostalgie sait qu’elle ne nous lâche pas (...)» 

Des phrases belles à s’en faire des parures pour les soirées sépias où on l’on convoquerait le vague à l’âme pour se souvenir....des grandes choses, celles qui nous dépassent.


mardi 23 août 2011

#2 C’est pas tous les jours la fête non plus ^^

J’ai ensuite poursuivi ma route, à l’intérieur de  l’enveloppe Service de Presse, du Diable Vauvert, et là, je suis tombée dans la mer(de). Je vais être un chouilla acide, mais pas tant que cela non plus. J’ai donc lu Les morues de Titiou Lecoq, célèbre chroniqueuse blogueuse parisienne/jolie et branchouille.

Mouais.

Je suis entrée dans le récit de ces 3 copines et du plus 1 masculin-de-la-loose, et ma foi, je n’ai pas refermé le bouquin sans avoir été au bout de l’intrigue. Bien menée, bien racontée. Un vrai côté pavillon de banlieue bleu facebookien, dans la mesure où finalement, l’intérêt principal de ce roman là, est celui que l’on peut trouver sur le réseau social du même nom que la banlieue bleue (voir plus haut) : le plaisir de VOIR (nous sommes des voyeurs faut quand même appeler une chatte, une chatte) (ou rendre à Fatou Diomé ce qui appartient à Fatou Diomé :::private joke:::) les parisiennes que nous ne sommes pas, mais qui ont pourtant pas loin de notre âge. Plaisir, évidemment, vous vous en doutez, inavouable. Au delà de cela, pas grand intérêt, ces morues là. On y apprend rien sur la privatisation de la culture, ce n’était pas le but peut être me diriez vous. Le prétexte en tout cas, ça l’était indéniablement.

Peut-être était-il un peu prétentieux, de vouloir faire entrer dans un seul et premier roman - surtout quand on ne possède pas plus que cela, de vrai talent d’écriture - autant de sujets que : le féminisme/le couple/la privatisation de la culture (mais ça je vous l’ai déjà dit)/la prostitution/l’amitié/le suicide/l’écriture/l’arrivée d’internet et son impact sur l’écriture...
Je dirai, comme ça, là que cette année, à prétexte égal et premier roman égal, Fanny Chiarello avec L’éternité n’est pas si longue nous a quand même offert mieux, bien mieux en matière de surprise LITTERAIRE.

A noter : Titiou, si tu me regardes, grand dieu, ma fille arrête de complexer, et n’essaye pas de nous fourguer tes références en littérature classique de quand t’étais à la fac. Puis c’est pas moi qui vais te reprocher l’idée de la play-list à la fin de chaque chapitre, hein, tu es ici sur Rock’n Pages, pas chez Drucker !). Y a pas de mal à se faire du blé, ma fille, c’est le jeu ma pauv’Lulu :)
Par contre, si France Inter, Télérama et les Inrocks, la sainte trilogie de la pensée unique, vous me regardez, par pitié ne criez pas au génie (ce dont je doute fort, certes, que vous me regardiez). Merci. Un esprit affûté et ami m’a suggéré que peut-être le Diable doit aussi pouvoir financer ses Foster Wallace et Douglas Coupland.

Désolée, pas de citation.

- Ma citation à moi en musique : arrêtons d'en être des : Hommes Pressés :)

lundi 22 août 2011

#1 Et vous votre Coupland, vous le prendrez comment ? Court et serré. Merci

J’ai entamé les lecture en vue de la rentrée littéraire par du très haut niveau avec le prochain Coupland, à paraître en septembre Au diable Vauvert. Merci à eux.

L’action de Les joueurs_1 se déroule en 5 heures, dans le bar d’un aéroport.
Donc un lieu d’âmes en transit.
5 personnages s’observent, s’approchent sous la - toujours aussi juste et acérée - plume de Douglas, le canadien extra lucide et génialissime de notre génération pas génialissime - elle pour le coup.
Et ces cinq personnages là, 2 femmes et 3 hommes, (un sixième déboulera à la fin), vivent 5 heures cataclysmiques sous l’oeil de Joueur_1. Sans que, nous lecteur, soyons plus au courant que cela de l’identité de cet étrange joueur.
Et non content de se suspendre, de se frôler et/ou de se percuter entre elles, ces 5 âmes là, vont vivre via les écrans de télévision et une connexion internet très bas débit, la montée du prix de baril, enfin plutôt sa flambée sans précédent.
Flambée qui va avoir pour conséquence immédiate, le grand cataclysme dont je vous causais plus haut (genre fin du monde).
Donc, on peut dire aussi, ou en tout cas le lire ainsi - le message de Coupland qui pointe notre indicible bêtise - c’est sur ce JEU, à savoir celui de la spéculation financière internationale du prix du pétrole, que la société mise en s’y reposant toute entière.
Sans vous en dire davantage, Coupland, profitera de ce grand bazar pour ajouter en plus, et comme si cela ne suffisait pas à l’affaire, un tueur fou, posté sur le toit du bar de l’aéroport.
Enfin, second effet Kiss Cool de Joueur_1, on peut même se demander en refermant le bouquin, si Coupland ne vient pas de s'adresser directement à Sartre sous nos yeux. Lui (Coupland) la tête basse et les poings serrés vient de lui confesser que notre ère de la surinformation et de la surconsommation, vient de transformer profondément et irrémédiablement l'essence même du terme "Huis Clos"/
Une question demeure : l'enfer est-ce toujours les autres ?

A noter : une justesse toujours aussi dingue, une allure qui ne nous laisse - nous lecteur - que peu de répit, voire pas de repos. A noter aussi que l’une des deux personnages féminins, est une sorte de «robot/humain/autiste» dont le profil est intéressant d’un point de vue de l’anticipation, mais un chouilla indigeste à lire. Un personnage qui en somme aurait pour mission de nous faire vivre physiquement l’expérience de cette constatation froide que fait Coupland de notre époque, comme un sonnette d’alarme tirée :

«La surabondance d’information a déclenché une crise dans la façon dont les gens considèrent leur vie»

Enfin, perso, je n’avais jamais encore lu un Coupland aussi noir et en colère. On est bien loin de JPod et de Girlfriend in the coma, je vous le dis.

"Quel titre je choisirais pour évoquer le prochain Coupland, sans les mots mais en musique ?"

Voilà mon choix

dimanche 21 août 2011

#0 La rentrée Littéraire de Rock'n Pages

Bien le bonsoir messieurs dames ^^

"Bong bong" (bruit du tocsin athée, l’aviez pas reconnu ?) c’est l’heure de la rentrée littéraire.
«Wesh», et donc de son lot d’incompréhensions, pour moi qui suis une mordue mais vivant dans la forêt amazonienne - entendez par là, pas à Paris, donc bien loin je suis de me douter des tenants et des aboutissants des copinages, magouilles et autres corruptions qui doivent forcément avoir lieu à la capitale, chaque année, à la même époque.

Dans Rock’n pages, pas de course pour rejoindre la capitale, mais bel et bien un espace de «passeur» de coups de sang lettré, voici ma contribution à cette grande affaire, quoi que notez bien, vous pouvez remplacer contribution par point de vue.

Soyez prévenus, je suis bien loin d’avoir avalé les 650 titres et quelques, mais notez bien, bis, tous les titres que je vais vous citer ici, je les ai lus !
Lu : avec attention, stylo en main, carnet quelque part pas loin.
Ce qui sous-entend, que je ne les ai pas trimballés à la plage, histoire de les remplir de sable, sans même pouvoir en faire des pâtés ;))

Tous les jours sur les coups de midi un court article au sujet d’un roman - de la rentrée littéraire donc - que j’aurai lu en prévision de cette nouvelle saison de Rock’n Pages.
Trêve de fioritures, ça va commencer !


Premier BiM